Encore les exploits du ministère de l'intérieur des ménages, de la société civile et des partis politiques !

Ceux qui ont lu mon dernier livre "Les démobilisés malgré eux ou la tragi-comédie des rois Nsoro" ont compris qu'au-delà de l'appellation de roman et des libertés d'écriture que cela implique, il s'agit d'une chronique romancée du monde surréaliste où vivent les Burundais depuis l'arrivée au pouvoir des anciens rebelles DD et de leur stratagème de s'appuyer sur la religion, piété de façade.

Dans ledit livre, je parle d'un ministère de l'intérieur des ménages et des partis politiques. Et les faits vécus sont passés au crible. Avec un humour noir cela va de soi, pour une tragi-comédie ! Le drame et la tragédie semblent passer inaperçus. Car les saigneurs du peuple au pouvoir prennent leur autoritarisme pour une "arche de Noé" devant permettre aux pauvres hères d'accoster sur un havre de paix: la découverte et l'appropriation des mines d'or, de nickel, cobalt, terres rares et de l'abondance tous azimuts !

Il en est ainsi, maintenant et dans tout le pays, de l'entrée en vigueur de la politique de lutte contre les unions libres ou le concubinage! Face à la misère des familles, le parti au pouvoir a financé les cérémonies liées à la régularisation des unions conclues par ses innombrables Imbonerakure !

Il peut donc mobiliser l'administration et ces mêmes Imbonerakure pour traquer les couples en délicatesse avec la réforme dictée par sa majesté Nkurunziza 1er! Rien n'est précisé sur la polygamie qui est interdite par la loi mais existe bel et bien avec un taux de croissance élevé aux périodes de récolte du riz dans les provinces de Bubanza et Cibitoke surtout !

Ne parlons pas de la pratique des "deuxièmes bureaux" surtout qu'au Burundi, certains bars fréquentés par les dignitaires du régime ressemblent à des forêts de fleurs où les filles et femmes tournent comme des abeilles en quête de pollen ! "O tempora, o mores" ! Le bordel au Burundi ne se limite pas au cadre de la prolifération des sectes! Mais aussi longtemps que je régime y trouve son compte, certains bordels prospèrent ! D'aucuns diraient que c'est bon pour la poussée démographique et la liberté de culte! Et c'est triste que le régime se garde d'imposer un nombre limité d'enfants alors qu'il y a urgence!

Légaliser l'union ou s'acquitter d'amendes

Dans le Burundi du président "born-again" Pierre Nkurunziza, les mariages non conclus devant l'officier de l'état civil doivent disparaître. Soit les concubins régularisent leur situation, soit ils sont traqués.

Dans la province de Rutana, le gouverneur vient de fixer l'amende à infliger aux couples dits récalcitrants : 50.000 fbu (€20) pour l'homme et 50.000 fbu pour la femme! Soit un montant de 100.000 fbu ou le salaire mensuel d'un agent de l'Etat! "Il aut chercher l'argent là où il se trouve: chez le pauvre!"

Un couple qui échoue à régulariser son union par manque de moyens (moins de dix mille francs), croit-on le mettre sur la bonne voie tracée par le père de la nation en lui offrant une couronne d'épines plus lourde que la croix initiale ? "L'échafaud pour le juste, c'est son lit de gloire" dixit François de la Rochefoucauld.

Mettre au pas, contraindre sans limites. Ainsi en est-il d'ailleurs des contributions obligatoires pour les élections de 2020. Le régime n'a rien à cirer de l'avis de sa population. Il faut payer de gré ou de force, ou disparaître ! L'histoire réhabilitera tous les héros morts en prison ou en exil, incompris. Sauf que le désastre peut être évité, en écoutant le bon sens et l'altruisme.

Conscient du fait que la terreur et l'autoritarisme finissent par accoucher d'une révolte, le président ou mieux sa majesté Nkurunziza multiplie les campagnes d'intoxication des masses.

Lors de ce genre de séances à huis clos à travers le pays, il est interdit de se munir d'un smartphone ou de tout appareil (stylo électronique par exemple) pouvant enregistrer sa logorrhée! On savait que l'homme fort du Burundi craignait de prendre l'avion pour sortir du pays, on vient de découvrir qu'il a peur des analyses faites de ses déclarations et sa pseudo sagesse à deux sous!

Le ministère de l'intérieur des ménages et des partis politiques a du pain sur la planche. Il doit sévir pour satisfaire les caprices d'un président gagné par une folie multiforme. Je ne dis pas qu'il est paranoïaque! Je vous épargne ce genre d'euphémisme: restons dans le registre de la tragi-comédie.

Dirigeants et population, tous des malades qui s'ignorent !

Et il s'agit ici d'un chapitre que j'ai développé dans le livre cité supra. Pas de vérités bibliques mais des approches.Merci à ceux qui ont lu le livre et fait part de leur appréciation.

Je reste d'avis qu'un homme et une femme qui s'aiment, vivent en paix avec leur entourage et assument leurs responsabilités envers leurs enfants devraient être encouragés à faire connaître leur situation à l'administration.

Vous me rétorqueriez que l'enregistrement à l'état civil est acté juridique qui produit des effets juridiques bénéfiques au couple et aux enfants ! Affirmatif. Allons alors sur la balance pour peser le pour et le contre, les avantages et les conséquences de cette réforme au forceps ! Du moins: que du choc des idées jaillisse la lumière ! Et ce serait une petite victoire si le gouverneur revenait sur sa mesure d'amendes.

Le Burundi est un pays avec un taux d'analphabétisme non négligeable.

Oui, une année vient de s'écouler après l'annonce de la mesure hostile au concubinage. Mais alors est-ce suffisant pour passer à cette matraque qui fait saigner du sang utile au monstre au pouvoir au Burundi et acculé par des difficultés financières de tous bords ? Et si les couples refusaient de payer les amendes ou étaient incapables ? Va-t-on vendre leurs biens, les mettre en prison et jeter les enfants à la rue ?

Certes, il s'agit ici d'un raisonnement que le régime de Bujumbura semble avoir perdu depuis belle lurette ! Tout est forcing. Les dégâts dans tout ça ? La stratégie consiste à les minimiser ou à les tourner en dérision !

"This is my genocide ! La paix règne sur tout le territoire et les disparitions des gens ne sont que des transhumances vers d'autres espaces du village planétaire en quête du mieux-être"! Les réfugiés peuvent rentrer, s'ils ont régularisé leurs unions. Sinon, ils savent que le pays n'attend pas: réforme sur réforme!

Et le ministère de l'intérieur des ménages et des partis politiques est au four et au moulin pour arracher le "Oui" au référendum sur la nouvelle constitution taillée sur la mesure du grand Manitou !

L'industrie des sanctions se porte très bien au Burundi : un simple rejet de la constitution vous vaut la prison tandis que le refus de passer devant l'officier de l'état civil vous fait voir un autre enfer! Des ingrédients d'une tragi-comédie n'est-ce pas ? C'est plus tragique que comique, hélas!

Daniel Kabuto

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